SWISSMAN

Un triathlon qui commence dans un lac au Tessin, traverse quatre cantons suisses, trois cols à plus de 2000m d’altitude et qui se termine au pied de l’Eiger! Il n’en fallait pas beaucoup plus pour me convaincre de m’inscrire.

L’inscription se fait sous forme de loterie car seules 250 personnes peuvent prendre le départ, donc en novembre 2018 je tente ma chance en me disant, « on verra bien » et une semaine plus tard je reçois un mail:

Congratulations! You are in for the SWISSMAN Xtreme Triathlon 2019!!!

Ça, c’était la partie facile, mais après une petite coupure hivernale, il faut commencer à s’entraîner, il reste environ six mois. C’est largement suffisant mais il y a quand même du boulot surtout au mois de décembre quand la forme est au plus bas. Je ne vais pas trop détailler mon entraînement ici, mais je pourrais toujours faire un autre article si cela intéresse certaines personnes. 

L’avantage d’avoir un objectif comme celui-ci est que la motivation de faire des grosses sorties à vélo presque tous les week-ends est à son maximum. Comme il faut s’entraîner à ne pas trop souffrir dans les cols, il vaut mieux en avoir fait un maximum avant, c’est une bonne occasion d’en découvrir de nouveaux.

Avant la course

Le vendredi, nous partons au Tessin en voiture avec ma sœur Joleen, qui sera ma supportrice pour cette course. Après un repas à Ascona au bord du lac, nous nous rendons au briefing. Super ambiance, avec des gens venus de 40 pays différents pour participer. Nous récupérons nos goodies et dossards, avant d’assister au briefing. Les nouvelles pour le lendemain ne sont pas très réjouissantes, beaucoup d’orages annoncés le matin. Ils nous informent que la décision d’annuler ou non la natation, sera prise au dernier moment.

Le lendemain, jour de la course, réveil à 2h30 un peu difficile, la nuit n’a pas été très longue. Après deux tartines de miel et une banane, il est déjà temps de se rendre à la zone de transition pour poser le vélo. Puis, direction le port d’Ascona, 15 minutes à pied pour se réveiller un peu.

  1200m  

Juste avant 4h00, les athlètes embarquent sur le bateau, car le départ de la natation se fait depuis l’île de Brissago. Cependant pas de miracle, après 45 minutes à attendre sur le bateau sans savoir si nous allions partir ou pas. Les organisateurs et météorologues ont décidé qu’il était trop dangereux de nager les 3,8 km depuis l’île juste avant un orage. Ils proposent un parcours alternatif de 1,2 km qui longe le rivage d’Ascona jusqu’à la zone de transition. La natation se passe bien pour moi, j’essaye de suivre la lumière au loin qui nous indique l’endroit où sortir de l’eau. A la sortie, Joleen m’attend et m’aide à la transition, mais pas facile de savoir comment s’habiller vu la météo annoncée.

Juste avant la sortie de l’eau

  180km   D+3700m   △2429m  

Le début du vélo se passe bien, il ne pleut pas encore, il ne fait pas froid et il n’y a presque personne sur les routes (normal à 5h30 un samedi matin). Je commence à me faire doubler par beaucoup de monde, mais c’était « mon plan », la journée va être encore longue et ce n’est pas le moment de s’enflammer. Il y quand même 50 km de plat avant que les choses un peu plus sérieuses ne commencent. Après environ 1 heure de vélo, l’orage annoncé commence et pendant 40min c’est la douche, je suis entièrement trempé, heureusement il ne fait pas trop froid, mais je dois retrouver Joleen pour un ravitaillement seulement au 68ème km. Là, je peux enfiler des chaussettes sèches mais je choisis de ne pas changer de chaussures tout de suite pour en garder la paire sèche pour la descente plus tard.

Encore quelques kilomètres de montée facile et c’est enfin le début du premier col de la journée, le Gothard (12,2 km à 7% de moyenne et le sommet à 2106 m), qui a la particularité d’être en grande partie pavé. Heureusement il ne pleut plus trop mais il fait de plus en plus froid et j’ai toujours les pieds mouillés. Le temps passe tout de même assez vite et je rattrape pas mal de monde. Les paysages sont incroyables malgré le temps maussade et il reste de neige sur le bord de la route. Arrivé en haut du col, je ne sens plus mes pieds, mais au moins je vais pouvoir changer de chaussettes et de chaussures et manger quelque chose. La descente se fait sur une route bien goudronnée et avec très peu de virages jusqu’à Hospental. 

Après environ 5km de plat jusqu’à Realp, c’est déjà le deuxième – et plus difficile – col de la journée, la Furka, 11,5 km, 853 mètres de dénivelé, 7% de moyenne et ses 2429 mètres d’altitude au sommet. C’est le quatrième plus haut col de Suisse, il relie le canton d’Uri avec celui du Valais. Cette montée n’est pas facile car en plus de la pente, la raréfaction de l’oxygène à presque 2500m se fait sentir, mais encore une fois les paysages sont juste grandioses. Arrivé en haut, petit ravitaillement rapide et cette fois pas de changement de vêtements, bien que des rallonges de jambes n’auraient pas été de trop pour la descente de l’autre côté de la Furka avec son fameux hôtel Belvedere, car non seulement il ne faisait que 5 degrés mais en plus la route était mouillée par la neige fondue.

Arrivé en bas de cette descente, il est déjà temps d’attaquer le dernier col, le Grimsel. Ce col (5 km à 7%) qui culmine à 2164 mètres d’altitude est le seul col routier entre le canton du Valais et celui de Berne. Heureusement il n’est pas trop long et je sais qu’après ça, le plus dur est passé, il reste environ 24 km de descente jusqu’à Innertkirchen et 17 km de plat jusqu’à Brienz. Une fois arrivé, je suis quand même content de descendre du vélo après 7h53 (en comptant les pauses).

  43km   D+2100m   △2063m  

Après avoir mangé un peu et enfilé mes chaussures de course à pied, je pars avec le sourire pour un “petit” marathon. Mon père m’accompagne à vélo pendant toute la première partie, donc le temps passe assez vite quand on discute, enfin moi je parle un peu moins durant les montées pour garder mon souffle. D’ailleurs les deux premiers kilomètres grimpent déjà pas mal, je marche pour ne pas me griller dès le départ. Après un passage superbe où l’on passe sous une cascade, la route de forêt que l’on empreinte est plus ou moins plate avant de redescendre au niveau du lac pour arriver à Iseltwald où Joleen et ma mère m’attendent pour un premier ravitaillement. On continue à longer le lac de Brienz jusqu’au deuxième ravitaillement à Bönigen avant de partir en direction de Wilderswil, avant l’entrée dans la vallée. Il pleut un peu et ne fait plus très chaud mais je préfère que la canicule qui commencera le lendemain. Il y a encore deux ravitaillements pour cette partie “course à pied” et un mélange de montées assez raides et de replats.

Cascade de Giessbach
Brienz
Iseltwald

A l’arrivée à Grindelwald, Joleen a déjà fait vérifier nos sacs à dos pour la montée finale. Après un changement de t-shirt et un petit ravitaillement, nous sommes repartis. Cette montée fait 9 km pour 1100 m de dénivelé, autant le dire tout de suite, je n’ai pas prévu de courir. Je marche tout le long (pas très vite), sauf une petite pause à mi-parcours pour le dernier ravitaillement, j’avais aussi prévu du Coca et des chips pour la montée! Pendant l’ascension, nous croisons d’autres équipes et nous discutons un peu, il y a une bonne ambiance. Il fait toujours gris mais avec de belles éclaircies et même un arc-en-ciel. A partir du dernier tiers de la montée, on voit l’arrivée, mais il faut continuer à marcher. Très proche de la fin, nous apercevons deux concurrents qui nous avaient dépassés. Ça me motive à accélérer un peu, nous arriverons à en rattraper un des deux à quelques dizaines de mètres de la ligne d’arrivée.

Nous passons la ligne d’arrivée, avec nos parents qui étaient montés en train un peu plus tôt. Quelqu’un note mon numéro de dossard sur une liste pour le classement et les organisateurs viennent nous féliciter chaleureusement et nous offrent du bouillon, ce qui fait du bien car il ne fait plus très chaud. Nous restons encore quelques minutes vers la ligne d’arrivée à discuter un peu avec quelques participants. Nous rejoignons ensuite le petit train qui va nous permettre de redescendre jusqu’à Grindelwald pour une nuit de sommeil bien méritée.

Cérémonie

Le lendemain matin, les jambes font un peu mal mais dans l’ensemble ça va assez bien. Après avoir pris le petit déjeuner à l’hôtel, nous allons reprendre le petit train pour remonter à Kleine Scheidegg et assister à la cérémonie. Il fait grand beau et c’est le début de la canicule, par rapport au temps que l’on a eu hier, le contraste est frappant. En arrivant en haut, nous pouvons aller chercher nos T-Shirts de finisher et faire quelques photos devant le fameux triptyque de montagne Eiger, Monch, Jungfrau. Puis, les photos de groupes, les podiums et quelques discours, où l’on apprend que 4 hommes et 4 femmes vont être tirés au sort pour participer au Norseman (l’équivalent en Norvège) l’année prochaine, je recevrai un mail quelques jours plus tard pour me dire que je suis l’un de ces 4 chanceux. Pour finir, nous allons manger en famille et profiter un peu de cette belle journée dans ces paysages de cartes postales de Kleine Scheidegg et de la vallée du Lauterbrunnen. 

Point de vue de la supportrice

Quand mon frère m’a demandé de l’accompagner sur cette course, je n’ai pas hésité une seule seconde, sans savoir ce qui m’attendait réellement. En tant que supportrice (les athlètes sont obligés d’en avoir un(e) pour cette course), il y a surtout de la préparation au niveau logistique. Avant la course, nous avons beaucoup discuté du parcours, des ravitaillements et des vêtements mais je ne pensais pas que cette journée serait aussi stressante et fatigante (on s’entend… j’ai seulement marché les 9 derniers kilomètres de la course). Au début de la journée et pour la partie natation, il y avait beaucoup d’attente avant de savoir si les athlètes allaient pouvoir nager depuis l’île. Pour la partie vélo, malgré que j’étais en voiture, je devais me dépêcher entre chaque arrêt pour ranger et préparer le prochain ravitaillement et être sûre de ne pas le rater. Finalement, le fait de devoir faire la montée jusqu’à Kleine Scheidegg (cette étape est obligatoire pour la supportrice) avec mon frère a rendu cette expérience vraiment incroyable, peut-être autant que si j’avais participé à la course.

Petite sieste dans le coffre de la voiture

Pour l’anecdote, lorsque, durant la cérémonie, nous avons appris que 4 hommes et 4 femmes seraient tirées au sort pour le Norseman, j’ai dit à mon frère : “Imagine si tu es tiré au sort!”. Il n’y croyait pas mais ça n’a pas manqué. Une bonne excuse pour aller visiter la Norvège cet été.

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